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EDITO du 7 MAI 2020

Les Choses bougent mais les choses demeurent floues. (7 mai 2020)

Sans autre introduction rappelons qu’un poste de CPD EPS passe au mouvement et qu’il doit faire l’objet d’un dépôt de candidature avant le 12 mai à 12h. L’enjeu pour la profession est important car ce poste est un pont entre le primaire et le secondaire. La fonction est ouverte aussi aux collègues du primaire. Nous vous renvoyons à l’article de notre collègue Gilbert ORIS CPD EPS du 06.

Nous refermons cette parenthèse pour revenir sur la réouverture des établissements.

Notre inquiétude s’est avérée fondée. Force est de constater qu’il y a une disparité importante sur la mise en œuvre des conditions de réouverture des établissements scolaires. La justification de la spécificité propre à chaque établissement a sa limite. Le Snep Nice dit tout haut ce que la profession pense tout bas. Il n’y aura pas de reprise de l’EPS pour cette fin de l’année. Malgré tout, nous restons une force d’encadrement et d’idées qui doit permettre l’accompagnement de la réouverture des établissements (nous vous renvoyons à notre précédente publication).

Le protocole sanitaire

C’est le cadre de notre intervention et ce sera certainement les seules consignes professionnelles données, le reste étant du « Bon Sens ». Encore une fois, l’évident n’est pas explicité, car, non, il n’y a rien d’évident à modifier une pratique professionnelle, surtout dans ce cadre sanitaire.

Mais impossible pour la profession de reprendre sans avoir lu les pages 38 et 39 du protocole sanitaire. En sept petits points et la messe est dite ! Nous connaissons le désir de bien faire, le désir de servir, et le désir de repousser les limites de la profession. C’est pour ça que nous aurions souhaité que nos IA IPR soit plus véhéments sur la prudence d’une mise en œuvre (même si nous sommes nombreux à ne pas leurs envier leur place au regard de cette tâche).

Un exemple, si l’on s’intéresse à la modélisation d’une étude publiée par URBAN PHYSICS, (WIND ENGINEERING & SPORTS AERODYNAMICS Auteur : B. Blocken and al.), on est en droit d’interroger les prérogatives du protocole. En effet les biophysiciens ont modélisé le nuage de gouttelettes de salive d’un joggeur en fonction de sa vitesse. Résultats : à 4 km/h (marche rapide) la distance de sécurité pour le suivant est de 5 mètres ; à 14,4 km/h (jogging) cette distance est de 10 mètres. En deçà, vous seriez noyé dans un nuage de gouttelettes salivaires (conditions de laboratoire avec vent nul). Solution : courir de front avec une distance de sécurité de 1,5 mètres. Adieu le jogging autour du stade ! Que dire des sorties à la file indienne de marche soutenue avec des espaces de 5 mètres. Une queuleuleu de 70m, pratique pour la surveillance visuelle !

Non les solutions ne sont pas simples. Les IA IPR se sont bien entendu engagés à répondre à toutes les sollicitations des collègues. Pas de fausse pudeur, le ridicule ne tue pas, les imprudences si !

Que dire aussi des installations sportives fermées qu’il semble que « Jeunesse et sport » a proscrit dans ses protocoles et dont il n’est pas fait état dans ceux de l’éducation nationale (même si l’on encourage la pratique en plein air). L’enseignant est-il censé s’assurer que le protocole sanitaire est effectivement réalisé dans un gymnase municipal avant qu’il n’y arrive avec son groupe d’élèves ? Comme on nous demande de vérifier l’ancrage des buts par exemple. La réponse de l’inspection pédagogique n’écarte pas cette responsabilité. Mais comment et avec quelles compétences le collègue peut-il s’assurer de l’efficience de ce nettoyage sanitaire ? On voit ici la limite de cette responsabilité éclatée entre l’état, les collectivités territoriales et les mairies.

Notre intention n’est pas de faire peur, mais d’illustrer qu’il n’est pas raisonnable d’envisager une pratique de l’EPS. Organiser les temps de détente, d’étirements, ou d’activation sur  30 minutes dans une cour a certainement son utilité mais laisser entendre qu’avec du bon sens nous trouverions des solutions nous semble anxiogène pour la profession.

Le 2S2C

 Alors que dire des 2S2C ? Sport Santé Culture et Civisme lancé comme une solution de dédoublement des groupes sans beaucoup d’autres précisions. Cette « idée », qu’il est difficile à ne pas rapprocher d’un vieux serpent de mer, « cours le matin, sport l’après-midi », semble peut-être un peu plus opérationnalisable au Primaire. J’espère que vous lisez notre grande prudence sur le sujet. Mais cette intervention en collège et en lycée nous semble bien plus périlleuse. Qui s’assure de certifications des intervenants, qui engage sa responsabilité sur cette pratique ? Beaucoup de questions, peu de réponses. Sans parler de ce que les clubs pourraient proposer que les collègues ne puissent assurer ?

Enfin pour qu’il n’y ait pas d’ambigüité, car nous connaissons la réactivité de l’UNSS en la manière, pour investir tout dispositif comme s’il fallait justifier de son utilité. Comme dans les albums de Martine, l’UNSS s’éparpille. UNSS et la santé, UNSS et les fédé, l’UNSS et les JO 2024, nous craignons que le dernier volume de cette série ne soit UNSS et le 2s2c ! Nous rappelons à toutes fins utiles que l’UNSS a déjà toute sa légitimité dans le système éducatif et qu’elle répond à un accès au sport  pour tous au travers des AS. Enfin elle organise la vie entre les AS ! Dans les conditions sanitaires actuelles, il serait malvenu qu’elle sollicite les collègues dans une pratique bancale et hasardeuse ! Nous revendiquons que les activités de l’UNSS soient de grande qualité avec un encadrement de haute compétence, celle des collègues d’EPS. Gageons que cette inquiétude soit sans fondement.

Qu’il est dur d’être concis tellement l’actualité est chaude. Un point sur les examens, les discussions ont encore lieu à l’heure où nous écrivons ces lignes. Pour le DNB l’épreuve sera sur 700 points, pas l’oral. 400 pour le socle, et 300 pour « l’investissement ». Parions que le COVID-19 sera plus efficace en termes de réussite au DNB que les efforts de la profession.

Pour le mouvement intra nous vous invitons à vérifier votre barème sur Iprof (voir notre encadré) et à mandater le SNEP pour défendre votre mutation. Enfin pour les stagiaires en EPS, la procédure de titularisation n’a pas encore été rediscutée et la soutenance de mémoire sera en visio conférence. Là encore l’inspection pédagogique nous a assuré que la bienveillance sera de mise.

Le SNEP Nice vous appelle donc à la plus grande prudence et à rester humble dans la mise en œuvre. 

                            Colas mouton pour le SNEP Nice

Le 11 mai, une reprise à haut risque ! ( 24 avril 2020)

 

Chers collègues,

Les premiers mots du SNEP Nice vont vers nos collègues qui ont été touchés de près ou de loin par cette pandémie. Ce confinement, bien qu’il semble avoir apporté des solutions à notre système de secours et de santé, a engendré aussi des souffrances, en réduisant les liens sociaux avec nos proches, nos parents, en plongeant certains dans des difficultés économiques et sociales ou durant des périodes de deuil, et la liste est bien loin d’être exhaustive. On ne peut qu’être admiratif du civisme massif dont a fait preuve la grande majorité de la population. Elle est l’illustration d’une solidarité collective chère au SNEP.

Mais après avoir « mobilisé » les Français, notamment en jouant sur la peur, le gouvernement brise cette situation de confinement et nous demande de reprendre une activité, à partir du 11 Mai.

Nous comprenons et partageons l’émoi qu’elle suscite dans la profession, particulièrement à l’approche de cette reprise. En effet, la stratégie sanitaire nous apparaît floue, d’autant qu’elle est rejetée par les instances médicales nationales. Notre Ministre Blanquer évoque, quant à lui, les recommandations des instances médicales allemandes pour justifier l’organisation de son déconfinement. Pas besoin d’être un grand économiste pour voir que les motivations économiques reviennent au premier plan pour nos décideurs. La communication et les décisions quant au pilotage de ce gouvernement Macron-Philippe brouillent et inquiètent, plus qu’elles ne rassurent. En effet, l’annonce de la réouverture des écoles, contrairement à celle des restaurants ou salles de sports, par exemple, nous laisse perplexe. Si les conditions sanitaires sont réunies, pourquoi avoir annoncé que l’école « en présentiel » n’est pas obligatoire. Chacun a le temps et le loisir de pointer une myriade de contradictions.

Vous pouvez compter sur le SNEP pour être véhément sur la question des conditions de protection des travailleurs. Nos représentants au CHSCT y seront extrêmement attentifs lors des réunions exceptionnelles en début de semaine. De plus, nous avons sollicité nos IPR EPS pour qu’ils communiquent clairement sur les bonnes pratiques et les bons gestes professionnels, ainsi que les objectifs pédagogiques de cette reprise. Nous voulons éviter qu’au stress sanitaire vienne s’ajouter un malaise professionnel en laissant s’installer le flou sur les attentes. Nous déplorons et constatons déjà de grandes disparités de réactions d’un établissement à l’autre. Les chefs d’établissements semblent aussi naviguer à vue, avec des consignes elles aussi, très floues. Il faut que cette situation s’arrête, elle est insupportable et met les collègues en grande souffrance dans certains établissements. Nous vous invitons d’ailleurs, à nous signaler toutes les situations qui vous semblent peu orthodoxes, afin que nous sollicitions de toute urgence les services du DASEN.

Malgré toutes nos inquiétudes et nos réticences, il nous semble cependant important de participer à l’effort national. Nous apprécions comme citoyens, de pouvoir continuer à être soigné ou faire nos courses car d’autres s’exposent pour nous. Nous connaissons l’engagement social dans la profession, et nous ne pouvons pas être insensibles à la situation de certaines familles privées de ressources. Bien entendu, nous participerons aussi à ce que certains parents puissent retourner au travail. Gageons, malgré les preuves de décrédibilisation de la parole publique de ce gouvernement, que la réouverture des écoles n’expose que très faiblement les enfants.

Pour autant, il est hors de question, pour le SNEP-FSU, d’accepter que nous soyons de la chair à canon en nous exposant de manière inacceptable.

Nous appelons donc la profession à se mobiliser et à exiger dans chaque établissement et en lien avec la commission hygiène et sécurité de l’établissement. L’application STRICTE des consignes sanitaires et de sécurité pour les élèves et les collègues.

Nous demandons AUSSI

  • aux collègues présentant des risques médicaux qui rendraient une contamination particulièrement dangereuse pour eux ou pour leurs proches de se signaler et de demander à travailler à distance ;
  • à ne pas s’écarter des consignes de nos IPR, et à accepter de rogner sur nos exigences professionnelles

Pour le SNEP NICE, Colas MOUTON

Reprise en mai : rien n’est réglé à ce jour !

En dehors de toute concertation et discussion sur les pistes à envisager, le ministre de l’Education nationale s’est exprimé le 21 mars pour exposer un scénario de déconfinement. Même s’il fallait répondre à l’attente légitime, il aurait mieux valu travailler en profondeur ce scenario qui semble irréalisable pour beaucoup tant il soulève de questions. La communication à outrance et rapide n’est pas une bonne stratégie et est mère de rétropédalage incessant comme on a déjà pu en connaitre.

Un scénario bien trop flou

Quels que soient la date ou bien le scenario élaboré, ce dernier ne peut être, dans la situation sanitaire du moment, totalement satisfaisant et laisse de nombreuses zones d’ombre sur lesquelles il nous faudra agir. Le SNEP-FSU, dans son adresse au ministre, a pointé un ensemble de problématiques qui montrent qu’une reprise sera complexe. S’agissant de notre discipline, à l’occasion d’un retour en établissement, nous ne pourrons à proprement parler d’EPS et encore moins d’enseignement tel que nous le concevons habituellement. Les interpellations syndicales, intersyndicales, le courrier du SNEP-FSU semblent toutefois avoir été en partie entendus puisque le ministre a insisté sur la nécessaire sécurité sanitaire des agents comme des élèves et refusé toute ouverture d’écoles ou d’établissements là où les conditions ne seraient pas remplies. La progressivité avec des groupes d’élèves réduits est aussi à l’ordre du jour même si on n’y voit pas forcément très clair entre les 4 possibilités (présentiel, distanciel, en volontariat (étude) ou en activités périscolaires), le décalage dans le temps de la rentrée en déconfinement progressif des élèves de collège et de lycée, permettant aux équipes de préparer en amont les choses. En tout état de cause, l’ouverture ou non des établissements, sur la base d’une enquête sur les conditions réelles, ne peut être renvoyée au local mais doit relever d’une décision ministérielle. Ce ne doit pas être aux acteurs de décider de cette ouverture parce que les responsabilités et les tensions seraient alors bien trop fortes.

Réouverture des établissements scolaires

La période de confinement a montré le besoin d’école pour les jeunes, et notamment ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. La réouverture des établissements scolaires ne peut se faire qu’avec des garanties maximales pour protéger les élèves, les personnels et la société dans son ensemble pour que les établissements ne soient pas les nouveaux « clusters » de l’épidémie. La santé de toutes et tous doit être une priorité ! Si les conditions et exigences sanitaires (tests, masques, gel, protection des personnels à risque…) le permettent, réfléchir à une réouverture progressive des établissements avant septembre pour renouer le lien avec l’Ecole nous paraît une piste possible. En effet, la situation du confinement pose de nombreux soucis pour de nombreux jeunes (isolement, violences familiales, etc..), notamment ceux des classes populaires. De plus, nous ne pouvons prédire la situation sanitaire de septembre qui demandera surement aussi une organisation particulière. Soyons clairs : ce qui doit piloter la réouverture, ce sont les conditions sanitaires, pas une date fixée unilatéralement, le 11 mai en l’occurrence ! Quoi qu’on pense de la faisabilité de ce déconfinement, des raisons qui poussent à le faire dans les délais évoqués, on ne peut rester extérieur à ces problématiques. La santé de toutes et tous est l’enjeu prioritaire mais, face à une situation qui risque d’être extrêmement longue, tout faire pour permettre aux jeunes qui sont placés sous notre responsabilité d’avoir des formes de scolarisation, des possibilités de s’ouvrir et de sortir d’un enfermement de plus en plus mal vécu est important.

Le problème complexe de l’EPS

Les conditions pour l’EPS sont encore plus complexes que dans d’autres disciplines parce que le rapport aux corps, le rapport aux autres est au fondement d’une discipline constituée par l’étude des Activités Physiques et Sportives. Pour autant, laisser le champ libre du fait de cette complexité en refusant d’être partie prenante du déconfinement nous expose à des formes d’entrisme que nous ne souhaitons pas parce qu’elles sont la négation de notre professionnalité, de nos compétences, de nos métiers et de la place de l’EPS dans le système éducatif. C’est le cas de nombreuses officines privées mais aussi de la proposition de la quinzaine de député LREM. On ne peut être qu’abasourdis et en colère de voir des personnalités instrumentaliser la pandémie pour proposer des expérimentations qui ont vécu et fait la preuve de leur inefficacité. Vouloir tenter le pseudo système allemand en proposant via les clubs et associations sportives des activités physiques aux élèves l’après-midi est à rebours de toutes les orientations qu’édicte lui-même le ministère. Comment le Ministre de l’Education national peut-il avoir une oreille attentive à cette proposition alors même que lui et le Président de la république inscrivent l’objectif du déconfinement dans une logique de réduction des inégalités ? Seule l’obligation scolaire est à même de travailler cet objectif s’agissant des pratiques physiques. Vouloir profiter des quelques jeunes qui seront déconfinés pour se rendre à l’école afin de relancer les clubs et associations est d’un opportunisme malsain. Par ailleurs, ces pratiques ne pourraient en aucun cas être obligatoires. Elles relèveraient du volontariat et dépendraient du maillage territorial des associations et de la disposition d’équipements sportifs… Nous serions alors effectivement comme l’ancien système allemand très inégalitaire. Cette proposition est un non-sens complet alors même que 30 000 enseignants d’EPS sont présents dans les établissements et en capacité, sous certaines conditions, de proposer des initiatives à destination des élèves. Nul besoin de chercher à l’extérieur quand on dispose des compétences nécessaires. A contrario de certaines expressions, les enseignants d’EPS, à l’occasion du confinement ne sont pas restés inactifs. Ils n’ont pas eu de « temps libérés », ils ont assuré une continuité du service public et proposé des ressources aux élèves, pris contact avec les familles, maintenu le lien avec les collègues, l’administration… A l’heure où l’on veut dessiner un déconfinement progressif il est hors de question de les laisser sur la touche au prétexte de vouloir expérimenter de vieilles recettes tel que le Sport l’Après-midi… Le monde de demain qu’il nous faut dessiner mérite mieux que cela !

Préparer l’avenir

Nous avons à préparer l’avenir en étant sur le terrain mais aussi en nous fondant sur ce que le manque a pu créer. L’impossibilité de pratiquer les APSA a été au cœur du confinement, remplacées par pratiques solitaires dites de préparation physique générale dont chacun a pu en voir les limites au plan humain. L’enseignement des pratiques physiques sportives et artistiques doit être au cœur d’une formation complète des élèves et retrouver progressivement toute la place qu’il mérite dans le système éducatif. C’est cette progressivité qu’il faut réfléchir et sur laquelle les professionnels que nous sommes doivent faire des propositions concrètes et viables dans la réalité que nous nous apprêtons à vivre. Nous aurons à suivre toutes les étapes de ce déconfinement, mettre en place des cellules de veille dans chaque académie pour recenser toutes les difficultés, les faire remonter et, le cas échéant, prendre toutes les mesures nécessaires pour la protection de tous si les conditions n’étaient pas réunies dans tel ou tel établissement. Les elu.es du SNEP au sein des délégations FSU au CT et CHSCT seront aussi vigilant.es qu’exigeant.es sur la défense de la santé des personnels, que sur le respect des conditions de travail de tous, pour obtenir des garanties quant à l’accomplissement des missions liées à la spécificité de notre métier. C’est par le contact régulier avec les enseignants que nous pourrons construire ce monde de demain s’agissant de notre discipline et le monde de demain pour les jeunes qui nous sont confiés.

Benoît Hubert
Secrétaire général du SNEP-FSU

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